Genèse 18, 1-12
Aux chênes de Mambré, le Seigneur apparut à Abraham, qui était assis à l’entrée de la tente. C’était l’heure la plus chaude du jour. Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui. Dès qu’il les vit, il courut à leur rencontre depuis l’entrée de la tente et se prosterna jusqu’à terre. Il dit : « Mon seigneur, si j’ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur. Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. Je vais chercher de quoi manger, et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin, puisque vous êtes passés près de votre serviteur ! » Ils répondirent : « Fais comme tu l’as dit. » Abraham se hâta d’aller trouver Sara dans sa tente, et il dit : « Prends vite trois grandes mesures de fleur de farine, pétris la pâte et fais des galettes. » Puis Abraham courut au troupeau, il prit un veau gras et tendre, et le donna à un serviteur, qui se hâta de le préparer. Il prit du fromage blanc, du lait, le veau que l’on avait apprêté, et les déposa devant eux ; il se tenait debout près d’eux, sous l’arbre, pendant qu’ils mangeaient. Ils lui demandèrent : « Où est Sara, ta femme ? » Il répondit : « Elle est à l’intérieur de la tente. » Le voyageur reprit : « Je reviendrai chez toi au temps fixé pour la naissance, et à ce moment-là, Sara, ta femme, aura un fils. » Or, Sara écoutait par-derrière, à l’entrée de la tente. – Abraham et Sara étaient très avancés en âge, et Sara avait cessé d’avoir ce qui arrive aux femmes. Elle se mit à rire en elle-même ; elle se disait : « J’ai pourtant passé l’âge du plaisir, et mon seigneur est un vieillard ! » Le Seigneur Dieu dit à Abraham : « Pourquoi Sara a-t-elle ri, en disant : “Est-ce que vraiment j’aurais un enfant, vieille comme je suis ?” Y a-t-il une merveille que le Seigneur ne puisse accomplir ? Au moment où je reviendrai chez toi, au temps fixé pour la naissance, Sara aura un fils. »
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Chers frères et sœurs,
Nous avons entendu, dans les lectures de dimanche dernier, ce passage de la Genèse. Ce passage qui semble encore d'actualité aujourd'hui, alors que nous nous réunissons pour prier. Prier pour la paix, en particulier pour la bande de Gaza.
L'attaque contre l'unique paroisse catholique de Gaza, qui a fait des morts et des blessés, et dont l'un des morts chrétiens portait le nom d'Ibrahim, Abraham, n'est que l'un des nombreux actes de violence systématiques qui frappent quotidiennement la population de Gaza, déjà otage d'un régime terroriste.
Un Palestinien de Gaza, exilé à Rome et hébergé avec ses enfants dans une maison de la Communauté, m'a dit : « Nous sommes doublement otages ». D'ailleurs, la Communauté a toujours été prête à accueillir ceux qui ont réussi à sortir de la bande de Gaza. Elle a toujours été prête à réunir les familles dispersées.
À Gaza, la vie est bafouée, de plus en plus invivable pour ses habitants. La survie est tellement difficile et dangereuse dans la bande de Gaza. À Gaza, plus rien n'est sacré, ni l'église, ni la mosquée, ni les lieux de prière, ni l'hôpital, ni les dispensaires, ni les maisons, ni les écoles, ni les files d'attente pour mendier de la nourriture après avoir enduré la faim et la soif. Pas même les enfants, qui doivent parfois faire la queue pour recevoir de la nourriture.
Plus rien n'est sacré. Chaque jour, le peuple de Gaza paie un tribut de sang, sans respect du droit humanitaire, qui s'applique même en situation de guerre. Un peuple est considéré comme ennemi, passible de mort.
Nous avons entendu parler du père Abraham qui, assis à l'entrée de sa tente, courut à la rencontre de trois étrangers inconnus et se prosterna devant eux. Ils venaient de loin. Il les invita à manger chez lui, il les honora. Cette visite fut l'occasion d'une promesse de fécondité, qui fit rire Sara tant la promesse était absurde. Comment était-il possible d'être féconde, vieille, avancée en âge ? Mais le Seigneur a dit à Abraham une parole qui nous frappe par sa force d'espérance : « Y a-t-il une merveille que le Seigneur ne puisse accomplir ? »
Accueillir un étranger, c'est accueillir Dieu, ce Dieu qui nous rend féconds. Notre espoir est que tout est possible à Dieu. Tel est notre espoir ! Même s'il semble que les hommes veuillent que ce ne soit pas possible.
La guerre, à Gaza et partout ailleurs, la guerre est stérile. Destruction, morts, douleurs, souffrances. Stérile, car elle brûle l'avenir, et le prix de cette guerre à Gaza est payé sans distinction par des civils sans défense.
Hier, le pape Léon a déclaré : « Je demande à nouveau que la barbarie de la guerre cesse immédiatement et qu'une résolution pacifique du conflit soit trouvée ». Et il a ajouté : « J'appelle la communauté internationale à respecter le droit humanitaire, à respecter l'obligation de protéger les civils, ainsi que l'interdiction des punitions collectives, de l'usage aveugle de la force et du déplacement forcé de la population ».
Ce sont les paroles fortes d'un homme de paix, qui indiquent une voie pour sortir de cette destruction systématique d'un pays et des enfants d'un peuple, le peuple palestinien de Gaza.
Cette guerre dure depuis ce tragique mois d'octobre 2023, où un terrorisme assoiffé de sang a frappé Israël, massacrant et kidnappant des innocents. Depuis le début, nous demandons la libération des otages, nous demandons que les corps des personnes injustement tuées soient rendus à leurs familles. Mais tout un peuple ne peut payer le prix de cette folie inhumaine, avec la destruction systématique de la vie des familles, sans voir la fin de cette guerre.
Jusqu'à quand ? Combien de souffrances infligées et, surtout, combien de haine semée ! Les larmes de ceux qui souffrent ou ont souffert s'unissent ce soir à notre prière. À notre prière adressée à ce Seigneur pour qui rien n'est impossible, afin qu'il rétablisse bientôt la paix, ou du moins accorde un répit. Afin que vienne le jour où il n'y aura plus de morts, où l'on ne paiera plus chaque jour un tribut de sang à l'idole de la guerre.
Enfin, notre pensée va à Abraham. Notre père et celui de tous les croyants, auquel juifs, chrétiens et musulmans se réfèrent volontiers et qu'ils considèrent comme un modèle de croyant. Il était considéré, dans ces contrées, comme un prince de Dieu.
Que la mémoire d'Abraham, la mémoire du père de tous les croyants, nous rappelle comment nous devons nous accueillir les uns les autres. Et pour s'accueillir, il faut accepter la présence de l'autre. Et pour accepter cette présence, il faut se parler et négocier. Oui, négocier et se parler.
À notre époque, peut-être, ces réalités si naturelles, si spontanées, si humaines, parler et négocier dans le désaccord, semblent impossibles. Et alors, à la place des mots, viennent les armes. Parce que la mort et la guerre font aujourd'hui tant de victimes, tant de victimes ! Et elles tuent l'avenir d'une région.
Dieu, grand et miséricordieux, Dieu qui peut tout, accorde rapidement la paix, arrête les mains qui frappent, ouvre la voie à la trêve, à la rencontre et à la négociation. Car rien n'est impossible à Dieu. Amen.
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oraison conclusive, après la prière litanique pour les pays et régions en guerre :
Ô Seigneur, Père miséricordieux,
toi qui ne veux pas que le sang des hommes, des femmes et des enfants soit versé, nous te prions. Par la force de ton amour, par la persuasion de ton Esprit, accorde la paix à ceux qui se battent dans les pays que nous avons mentionnés, tandis que nous invoquions ta miséricorde. Et accorde en particulier la paix et la protection au peuple de Gaza, qui souffre depuis longtemps.
Donne-nous la paix, Seigneur, cette paix que nous ne sommes pas capables de nous donner et que nous nous refusons les uns aux autres.
Fais-le, rapidement, avec ta force miséricordieuse. Maintenant et à jamais. Amen.